Rencontre avec Neha Mehta, postdocorante.
Projet : Utilisation de carbonates amorphes produits par des bactéries pour la dépollution de radio-isotopes d’alcalino-terreux
Axe thématique : Énergie, environnement et durabilité
Porteurs de projet & labos : Karim Benzerara (IMPMC) et Thierry Azais (LCMCP)
Neha Mehta est biogéochimiste spécialisée dans la recherche d’informations fondamentales et appliquées sur l’impact des polluants dans les environnements naturels et contaminés. Elle a obtenu son doctorat au MIT en sciences de l’environnement et développe un projet postdoctoral porté par Karim Benzerara (IMPMC) et Thierry Azais (LCMCP) sur la biominéralisation, le rôle des microrganismes dans le cycle des métaux et la biorémédiation.
Le labo fait beaucoup d’efforts pour contenir le virus sans sacrifier le travail de recherche.
Comment es-tu devenue postdoctorante en science des matériaux ?
J’adore l’interdisciplinarité : biogéochimiste de formation, j’ai dû faire appel à des techniques et à des compétences d’autres disciplines, telles que la science des matériaux, pour développer une compréhension plus holistique des processus fondamentaux. Aujourd’hui, j’étudie la structure et la stabilité des minéraux produits par des systèmes bactériens. Les méthodes que j’utilise sont les mêmes que celles qu’utiliseraient un spécialiste des matériaux. Nous utilisons des techniques de caractérisation analytique pour comprendre le processus fondamental biogéochimique. Ces travaux ont des applications variées dans les domaines de la synthèse de matériaux bio-inspirés, du rôle du vivant dans les cycles géologiques ou de la biorémédiation.
Quelles ont été les premières étapes de ton projet ?
J’utilise la spectroscopie RMN qui nécessite une étape préliminaire d’incorporation d’isotope dans les biomatériaux pour obtenir une sensibilité très élevée et une meilleure analyse. J’ai donc commencé par enrichir isotopiquement des cyanobactéries capables de produire intracellulairement des carbonates marqués. Après plusieurs essais, nous avons finalement accompli d’énormes progrès dans la bonne préparation des échantillons biologiques minéralisés et leur caractérisation. Nous avons déjà analysé des échantillons qui permettent d’envisager des publications dans les mois qui viennent.
Culture et confinement : Neha nous conseille...
-> une série documentaire : Chef’s Table, j’ai adoré découvrir l’art de la science culinaire.
-> un documentaire : My Octopus Teacher, un des plus beaux documentaires que j’aie jamais vu.
Nous avons orienté nos objectifs vers la caractérisation par RMN des biominéraux cyanobactériens.
Quels sont les problèmes auxquels tu as été confrontée ?
Actuellement, nos difficultés sont d’ordre pratiques et liées aux réservations de créneaux pour les instruments expérimentaux. En raison de la COVID, il est difficile d’accéder aux installations en dehors de Paris et nous avons dû décaler notre planning prévisionnel.
Après 10 mois, le projet a-t-il changé de perspectives ?
Nous avons clairement orienté nos objectifs vers la caractérisation par RMN des biominéraux cyanobactériens. Notre objectif actuel est d’identifier l’environnement organique-inorganique entourant le carbonate de calcium ou d’autres alcalino-terreux amorphe intracellulaire. Plus précisément, nous avons ajouté des études de RMN 31P en plus de la RMN 13C. Nous avons également réservé des créneaux d’instrumentation dans une installation RMN spécialisée à Orléans afin d’améliorer le rapport signal/bruit pour la détection des carbonates enrichis en 87Sr présents dans les cyanobactéries.
Et malgré la crise, comment s’est passée ton intégration ?
J’étais déjà postdoctorante dans le même groupe, mon intégration professionnelle a été aisée. Par contre, l’année 2020 a été rude, surtout pour des projets expérimentaux hors de Paris : certaines de mes missions ont dû être annulées en raison de la crise sanitaire.
En ce moment, je travaille un à deux jours chez moi et le reste du temps sur le campus. Les conditions de travail sont excellentes et le laboratoire fait beaucoup d’effort pour contenir la propagation du virus sans sacrifier le travail de recherche. La seule chose qui me manque vraiment, c’est de déjeuner avec mes amis...